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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Wilmot n’avait pas encore ôté son chapeau. Il y avait de l’indécision dans ses manières ; il fit un ou deux tours dans le salon, s’arrêtant de temps en temps, puis se remettant à marcher d’une façon qui n’avait rien de régulier, comme un homme qui nourrit un dessein quelconque mais que tourmente une irrésolution fébrile pour l’accomplissement de ce dessein.

Mais Dunbar n’y prit pas garde. Il était assis et tenait en main le journal ; il ne daigna plus regarder son compagnon après lui avoir adressé cette simple et unique question. Il était trop habitué à être servi et à regarder les gens d’un ordre inférieur, pour se préoccuper de ce commis à tournure de gentleman, venant de Saint-Gundolph Lane.

Wilmot s’arrêta tout à coup de l’autre côté de la table où était assis Dunbar, et posant une main sur cette table, il dit tranquillement :

— Vous m’avez demandé, il n’y a qu’un instant, qui j’étais, monsieur.

Le banquier leva les yeux sur lui avec une indifférence hautaine.

— Croyez-vous ?… Ah ! oui, je me souviens et vous m’avez dit que vous veniez de la banque. Cela suffit.

— Pardon, monsieur, cela ne suffit pas. Vous faites erreur. Je n’ai pas dit que je venais du bureau de Saint-Gundolph Lane, je vous ai déclaré, au contraire, que j’étais ici à la place d’une autre personne qui avait mission de venir à votre rencontre.

— Ah ! c’est à peu près exactement la même chose. Vous m’avez l’air d’un agréable compagnon et vous vous rendrez sans doute aussi utile que la personne que vous remplacez. C’est très-aimable de la part de M. Balderby d’avoir envoyé quelqu’un au-devant de moi… très-aimable, certainement.

L’Anglo-Indien renversa sa tête sur le dossier du