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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

— Vous n’êtes donc pas allé aux Fougères, monsieur ? — dit le bedeau.

— Non, j’y ai envoyé mon domestique s’informer si la vieille dame est chez elle. Si elle y est, je coucherai à Winchester ce soir, et demain matin j’irai en voiture lui faire une visite. Son mari était un de mes vieux amis. Combien y a-t-il d’ici aux Fougères ?

— Deux milles, monsieur.

Dunbar regarda sa montre.

— Alors mon domestique devra être de retour dans une heure, — dit-il. — Je lui ai recommandé de venir me rejoindre ici. Je l’ai quitté à moitié chemin d’ici à Sainte-Cross.

— Cet autre gentleman est-il donc votre domestique ? — demanda le bedeau d’un air de surprise.

— Oui, ce gentleman, comme vous l’appelez, est, ou plutôt était mon valet de confiance. C’est un homme intelligent, et j’en fais mon compagnon. Voyons maintenant les chapelles, si vous voulez bien.

Dunbar désirait évidemment couper court à la bavarde curiosité du bedeau.

Il traversa l’aile d’un pas léger, et releva la tête pour tout examiner autour de lui en marchant ; mais tout à coup, pendant que le bedeau était occupé à ouvrir la porte de l’une des chapelles, Dunbar chancela comme un homme ivre et tomba lourdement sur un banc en chêne auprès de la porte de la chapelle.

Le bedeau se retourna pour le regarder, et le vit essuyer la sueur de son front avec son foulard de soie parfumé.

— Ne vous effrayez pas, — dit-il en souriant au guide dont la figure exprimait l’épouvante, — mes habitudes indiennes m’ont rendu impropre à toute espèce d’exercice. Cette promenade au soleil par une chaude après-midi m’a complètement abattu, ou peut-être encore le