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HENRY DUNBAR

vin que j’ai bu à Southampton y est-il pour quelque chose, — ajouta-t-il en riant.

Le bedeau s’aventura à rire aussi, et les éclats de voix des deux hommes retentirent dans le lieu solennel.

Pendant plus d’une heure, Dunbar s’amusa à visiter la cathédrale. Il voulait tout voir et se faire tout expliquer. Il regarda dans tous les coins et recoins et se promena d’un monument à l’autre, traînant sur ses talons le bedeau bavard. Il lui adressait des questions sur tout ce qui frappait ses regards, il essayait de déchiffrer des inscriptions à moitié effacées sur des tombes depuis longtemps oubliées, il fit l’éloge de William de Wykeham, et admira les châsses splendides, les reliques saintes du passé, avec la joie d’un savant et d’un antiquaire.

Le vieux bedeau pensa qu’il n’avait jamais eu de tâche aussi agréable que celle de montrer sa cathédrale bien-aimée à cet aimable gentleman à peine de retour de l’Inde et tout disposé à admirer les merveilles que renfermait son pays natal.

Le bedeau fut encore plus charmé quand Dunbar lui donna un demi-souverain en récompense de la peine de son après-midi.

— Merci, monsieur, et de tout mon cœur, — dit le vieillard avec reconnaissance, — ce n’est pas souvent que je suis aussi largement payé de ma peine, monsieur. J’ai montré cette cathédrale à un duc, mais le duc n’a pas été aussi généreux que vous, monsieur.

Dunbar sourit.

— Peut-être, — dit-il, — que le duc n’était pas aussi riche que moi, malgré son duché.

— Oh ! non, sans doute, — répondit le vieillard regardant le banquier avec admiration et poussant un soupir plaintif ; — c’est un grand bonheur d’être riche, un bien grand bonheur, et quand on a douze petits