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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

raient m’en accuser s’ils me voyaient embarrassé pour choisir la clef de mon pupitre.

Il avait alors ouvert le pupitre, et il examinait l’un des nombreux cahiers de papier qui étaient arrangés méthodiquement, liés ensemble avec soin et proprement annotés.

— Je dois donc retarder le dîner, monsieur ? — demanda le garçon.

— Certainement ; j’attendrai mon ami, dût-il tarder beaucoup à venir. Je n’ai pas grand appétit, car j’ai parfaitement déjeuné à Southampton. Je sonnerai si je change d’idée.

Le garçon se retira en soupirant, et Dunbar resta seul en face de la table où le contenu du nécessaire était étalé à la lumière des bougies.

Pendant deux heures environ il resta dans la même attitude, examinant les papiers les uns après les autres et les remettant en place.

Il fallait que Dunbar fût possédé de l’esprit de l’ordre et de la précision, car bien que les papiers fussent déjà très-proprement arrangés, il les arrangea tous de nouveau, lia les paquets, lut chacune des lettres, et prit des notes sur un agenda au fur et à mesure.

Il ne laissa rien percer de cette impatience naturelle chez un homme qui en attend un autre. Il était si complètement absorbé par son occupation qu’il avait peut-être oublié l’absent ; mais à neuf heures il ferma à clef le pupitre, se leva et agita la sonnette.

— Je commence à m’alarmer au sujet de mon ami, — dit-il, — voulez-vous aller prier le maître d’hôtel de monter.

Dunbar s’approcha de la fenêtre et regarda au dehors pendant que le garçon s’acquittait de sa commission. La rue Haute était très-calme, un réverbère brillait par-ci par-là et les pavés étaient argentés par