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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

— Un mot, mademoiselle Wilmot, — s’écria Austin. — Je vous ai beaucoup trop aimée dans le passé pour devenir indifférent à votre sort. Où allez-vous ?

— À Londres.

— À votre ancienne demeure, à Clapham ?

— Oh !… non… non !…

— Avez-vous de l’argent… assez du moins pour vivre quelque temps ?

— Oui ; j’ai économisé quelque argent.

— Si vous aviez besoin de quelque chose… me permettriez-vous de vous venir en aide ?

— De grand cœur, monsieur Austin. Je ne suis pas assez orgueilleuse pour ne pas accepter votre appui à l’heure de ma détresse.

— Vous m’écrirez alors chez ma mère, ou vous écrirez à ma mère, si jamais vous avez besoin de quelque chose. Je ne raconterai rien à ma mère de ce qui s’est passé entre nous aujourd’hui, excepté que nous nous sommes quittés. Vous devez partir par le train de neuf heures trente, m’avez-vous dit, mademoiselle Wilmot ?

Clément avait dit vrai lorsqu’il avait affirmé qu’il était fier. Il fit cette question d’un ton aussi froid que s’il eût parlé à une étrangère.

— Oui, monsieur Austin.

— Je vais demander une voiture pour vous, en ce cas. Cela vous fera gagner cinq minutes. Et j’enverrai un des domestiques à la station pour vous épargner tout ennui au sujet de vos bagages.

Clément tira le cordon de sonnette, et donna les ordres en conséquence. Puis il salua gravement Margaret, et lui souhaita le bonjour au moment où elle quitta la chambre.

Et c’est ainsi que Margaret se sépara de Clément.