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HENRY DUNBAR

Laura dit tout ceci à voix basse tout en traversant avec son époux les splendides galeries du Louvre. Elle marchait très-vite, car elle était aussi animée que l’est un enfant qui a projeté une partie de plaisir.


CHAPITRE XXXVI

À la recherche du portrait.

La rue *** était une petite rue étroite, bordée de maisons élevées d’un aspect misérable, et égayée çà et là par de petites boutiques malpropres occupées par de petits épiciers et de petits fruitiers.

Le pavage faisait naître l’idée qu’il venait d’y avoir un soulèvement populaire, et que les pavés avaient été arrachés sans pitié pour servir à la construction des barricades, et ne venaient que d’être replacés tant bien que mal. En un mot, c’était une rue qui semblait avoir été construite dans le but de produire la plus grande somme possible d’inconvénients de toute nature avec le moins d’éléments possible ; considérée à ce point de vue, la rue *** était un triomphe. C’était une rue dans laquelle les charretiers accompagnaient du claquement de leurs fouets le torrent de leurs cris et de leurs imprécations ; une rue dans laquelle vous rencontriez des porteuses malpropres chargées de pains de six pieds de long, des vieilles femmes bruyantes coiffées de mouchoirs indescriptibles, mais surtout une rue où vous étiez tellement secoué et martyrisé par les cahots du pavé, qu’il ne vous était guère possible d’étudier le caractère distinctif de la localité.