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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

La maison dans laquelle Kerstall, le peintre anglais, avait son atelier, était une construction très-triste comme aspect, et ornée d’une porte cochère sombre sous laquelle Philip et sa femme descendirent de voiture.

Il y avait une porte sous ce portique, et plus loin une cour, où la porte d’une autre maison avait accès. Une rangée de fenêtres noires, sans rideaux, avaient vue sur cette cour, où l’herbe poussait entre les pavés.

Il n’y avait rien de semblable à un portier ou à une portière ; mais une vieille femme errante, qui s’était arrêtée sous la porte cochère, dit à Jocelyn que Kerstall demeurait au second étage. Laura et son mari gravirent les escaliers qui, en fait de tapis, n’étaient recouverts que de boue, et passèrent, dans une obscurité relative, devant le bureau du journal, pour s’arrêter devant une porte d’un noir sombre.

Philip frappa, et, après un temps assez long, la porte fut ouverte par une autre vieille femme plus convenable et plus propre que celle qui lui avait indiqué le logement du peintre, mais qui avait un faux air de famille avec celle-ci.

Philip demanda en français M. Kerstall le père ; et la vieille lui dit, d’un ton très-nasillard, que M. Kerstall le père ne recevait personne, mais que M. Kerstall le fils était à son service.

Philip dit qu’en ce cas il serait bien aise de voir M. Kerstall le jeune ; sur quoi la vieille femme fit entrer le baronnet et sa femme dans un salon, qui était remarquable par un air de splendeur passée, et où les pendules et les candélabres de bronze doré étaient dans la proportion de deux pour un par rapport aux chaises et aux tables.

Philip remit sa carte à la vieille femme, qui la porta dans la chambre voisine, d’où s’échappa une forte odeur de tabac quand la porte qui séparait les deux pièces s’ouvrit.