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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

de vue M. Kerstall et ne put jamais obtenir des nouvelles du portrait. Mais j’espère que nous serons plus heureux aujourd’hui. Vous ne pensez pas que cette toile ait été détruite, n’est-ce pas ? — demanda Laura avec vivacité.

— Madame, — répondit l’artiste d’un air de doute, — je suis disposé à craindre que ce portrait a pu être effacé ; et pourtant, par parenthèses, comme le tableau appartenait de droit à M. Percival Dunbar, et non à mon père, cette circonstance peut l’avoir préservé de toute injure, malgré le laps de temps écoulé. Mon père a un monceau de toiles non encadrées, couvertes de poussière, jetées pêle-mêle dans tous les coins de cette chambre. Le portrait de M. Dunbar peut se trouver au milieu de tout cela.

— Oh ! je vous serais bien obligée si vous vouliez me permettre d’examiner ces toiles, — dit Laura.

— Vous croyez que vous reconnaîtriez le portrait ?

— Oh ! oui, sûrement, je n’y manquerais pas. Je connais si bien le visage de mon père tel qu’il est, que je dois certainement avoir quelque idée de ce qu’il était il y a trente-cinq ans, quelque changement qui se soit opéré en lui pendant ce temps. Je vous en prie, monsieur Kerstall, accordez-moi la faveur de voir ces toiles.

— Je serais bien grossier si j’allais vous refuser ce que vous me demandez, — répondit le peintre avec une certaine bonhomie naturelle. — Je vais aller tout de suite voir si mon père est libre et en état de recevoir des visites. Il s’est exilé volontairement d’Angleterre pendant les trente-cinq années qui viennent de s’écouler, ce qui me fait craindre qu’il ait oublié le nom de Dunbar ; mais il pourra peut-être nous donner un léger indice.

Kerstall laissa ses visiteurs pendant cinq minutes environ, et au bout de ce temps il revint pour annoncer