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HENRY DUNBAR

que son père était disposé à recevoir sir Philip et lady Jocelyn.

— Je lui ai rappelé le nom de Dunbar, — dit le peintre ; — mais il ne se souvient de rien. Il s’est mis à peindre dans la matinée, et il est très-content de son travail. Cela lui plaît de tenir des pinceaux, bien que sa main tremble terriblement, et qu’il ait peine à tenir sa palette.

L’artiste les fit passer dans une grande pièce, confortablement mais simplement meublée, et chauffée à un degré suffocant par un poêle. Il y avait un lit dans une alcôve entourée de rideaux à l’extrémité de la chambre ; un chevalet était placé près d’une grande fenêtre ; et le maître de l’appartement était assis dans un fauteuil à coussin placé tout auprès du poêle.

Michael Kerstall paraissait encore plus âgé qu’il n’était. C’était un vieillard d’un aspect original, avec de longs cheveux blancs qui tombaient sur le collet de son habit, et un bonnet en velours noir sur la tête. C’était un vieillard très-gai, à qui la vie semblait très-agréable, car les Français ont l’habitude d’honorer leurs pères et mères, et M. Frédérick Kerstall était naturalisé citoyen français.

Le vieillard salua, sourit et rit au moment où sir Philip et Laura lui furent présentés, et leur indiqua d’un geste gracieux des sièges que son fils avait placés devant ses hôtes.

— Vous désirez voir mes tableaux, monsieur ? Ah ! oui, sans doute, sans doute. L’école moderne de peinture, monsieur, est quelque chose de merveilleux pour un vieillard, monsieur, un vieillard qui se souvient de sir Thomas Lawrence… Oui, monsieur, j’ai eu l’honneur de le connaître intimement. Nulle théorie préraphaéliste de mon temps, monsieur, pas de figures découpées dans du carton colorié et collées sur la toile, point d’arbres verts ni de draperies rouges ; point