Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome II.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
HENRY DUNBAR

de portraits distingués au plus haut degré ; mais la pauvre Laura cherchait vainement le visage qu’elle aurait voulu voir… le froid et dur visage qu’elle pensait que son père devait avoir lorsqu’il était jeune.

Il y avait des portraits de vieilles ladies la tête accoutrée majestueusement, et ceux de jeunes ladies qui souriaient d’une façon niaise, vêtues de petits corsages courts et décolletés, et de fleurs retenues gracieusement par de blanches draperies de mousseline ; il y avait des portraits de sévères dignitaires ecclésiastiques, et de peu célèbres membres du parlement, tenant à la main des projets de loi naturellement prêts à monter à la tribune, et avec une expression pincée de la bouche, qui semblait dire qu’ils étaient prêts à soutenir leur proposition, ou à rester sur le sol de la Chambre.

Il n’y avait qu’un petit nombre de portraits de jeunes officiers, portant un regard farouche sur des engins de guerre. Le fond de ces portraits montrait l’éclair déchirant la nue et jetant son éclat livide sur des pyramides de boulets.

Laura soupirait longuement, car dans tous ces portraits il n’y en avait pas un qui rappelât même de fort loin la belle et dure figure qui lui était familière.

— Je crains bien que le portrait de mon père ait été ou perdu ou détruit, — dit-elle tristement.

Mais Kerstall protesta contre cette idée.

J’ai dit qu’un des privilèges particuliers de Laura était d’enchanter tous ceux avec qui elle était en contact, et de les transformer, à première vue, en esclaves volontaires, heureux de traverser le feu et l’eau pour le service de la belle créature, dont les yeux et les cheveux portaient la lumière et le soleil partout où ils allaient. L’artiste à la barbe noire, à la blouse barbouillée de couleurs, n’était en aucune façon inaccessible aux séductions de lady Jocelyn.