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HENRY DUNBAR

attendait assez patiemment que cette inspection fût arrivée à son terme.

Le vieillard s’éclairait aussi bien que ses tableaux, et il commença bientôt à appeler tous les sujets par leurs noms.

Le député de Slopton-sur-la-Tees, — dit-il pendant que son fils plaçait le portrait sur le chevalet ; — c’était un portrait de présentation aux électeurs, mais les souscriptions ne furent jamais couvertes, et le comité me laissa le portrait sur les bras. Je ne me souviens pas du nom de ce candidat, parce que ma mémoire n’est pas aussi bonne que d’habitude ; mais la ville était Slopton-sur-la-Tees… Slopton… oui, oui, je me souviens de cela.

Le jeune Kerstall retira le candidat de Slopton et plaça un autre portrait sur le chevalet. Mais celui-ci était comme tous les autres, il ne portait aucune trace de ressemblance avec le visage que Laura cherchait.

— Je me le rappelle aussi celui-ci, — s’écria le vieillard avec un éclat de rire triomphant. — C’était un officier au service de la Compagnie des Indes-Orientales. Je me le rappelle, c’était un jeune gaillard fougueux. Ce portrait avait été fait pour sa mère ; le tiers du prix me fut payé à la première séance ; mais jamais je n’ai reçu six pence après, et il partit pour l’Inde, me promettant de m’envoyer une traite à escompter par le prochain courrier pour la différence, mais je n’en ai plus jamais entendu parler.

Kerstall dérangea l’officier indien et substitua un autre portrait à la place du sien.

Philip, qui était assis près de la fenêtre et regardait avec assez d’indifférence, s’écria :

— Quelle belle tête !

C’était une tête jeune et charmante qui jetait au monde un sourire hautain et défiant, une figure splendide, qui peut-être avait une ombre d’impertinence