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HENRY DUNBAR

dérer l’innocence de la jeune fille comme une chose établie.

Il y avait fausseté et perfidie dans cette affaire, mais Margaret n’était ni fausse ni perfide. Il y avait un mystère, et Dunbar était au fond de tout cela.

— Il semble que l’esprit de la victime ait voulu troubler nos existences et nous crier vengeance, — pensait Clément. — Il n’y aura pas de repos pour nous jusqu’à ce que le secret du crime commis dans le petit bois près de Winchester soit révélé au grand jour.

Cette pensée, qui assiégeait jour et nuit le cerveau de Clément, fit naître en lui une idée fixe. Avant de reprendre la tranquille routine de la vie, il se donna lui-même une tâche à accomplir, et cette tâche était la solution du mystère de Winchester.

Le lendemain même du jour où cette résolution avait pris une forme définie, Clément reçut une lettre de Margaret. La vue de cette écriture bien connue lui causa une sensation où se mêlaient la surprise et l’espérance, et ses mains éprouvèrent un léger tremblement lorsqu’il déchira l’enveloppe. Cette lettre était soigneusement et brièvement rédigée.

« Vous êtes un brave cœur, monsieur Austin, écrivait Margaret, et quoique vous ayez des raisons pour me mépriser, vous ne refuserez pas de recevoir mon témoignage en faveur de celui qui a été faussement soupçonné d’un crime terrible, et qui a besoin de justification. M. Henry Dunbar n’est pas le meurtrier de mon père. Le ciel m’est témoin que ceci est la vérité, et je sais que c’est la vérité. Que cette assurance vous suffise, et permettez que le secret de l’assassinat reste à jamais un mystère en ce monde. Dieu sait la vérité, et il a sans doute puni le misérable pécheur qui s’est rendu coupable de ce crime, comme Il punit tous les autres pécheurs, tôt ou tard, dans le cours de Son inef-