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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

fable sagesse. Laissez le coupable, n’importe où il se cache, au jugement de Dieu, qui pénètre tous les endroits cachés, et oubliez que vous m’avez connue moi et ma malheureuse histoire.

« Margaret Wilmot. »

Cette lettre même n’ébranla pas la résolution de Clément.

— Non, Margaret, votre plaidoirie elle-même ne me détournera pas de mon projet, — se disait-il. — D’ailleurs, comment saurai-je de quelle façon cette lettre a été écrite ? Elle peut avoir été écrite sous la dictée de M. Dunbar, et sous la crainte de quelque menace. Quoi qu’il en soit, il faudra en finir avec le mystère du meurtre de Winchester, si la patience et l’intelligence peuvent résoudre une énigme. Aucun mystère ne me séparera de la femme que j’aime.

Clément mit la lettre de Margaret dans sa poche et alla droit à Scotland Yard, où il obtint accès auprès d’un homme ayant l’aspect d’une personne rompue aux affaires, court et corpulent, les cheveux épais et coupés en brosse, un col de chemise imperceptible, une cravate de satin noir et une redingote croisée sur la poitrine. Cet homme avait moitié l’aspect d’un capitaine en demi-solde, moitié celui d’un agent de change malheureux ; mais le vif éclat de ses yeux gris plut à Clément, ainsi que l’expression résolue de ses lèvres minces et de son menton proéminent.

Les occupations du service de sûreté étaient insignifiantes en ce moment-là. Il n’y avait rien de marquant qu’une affaire de faux billets de la Banque d’Angleterre ; et Carter informa Clément qu’il y avait plus de chats dans Scotland Yard qu’il n’y avait de souris à tuer. Dans ces circonstances, Carter pouvait entrer