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HENRY DUNBAR

« — Et, avant l’époque de cette entrevue à Maudesley Abbey, Mlle Wilmot était frappée de l’idée que Dunbar était le meurtrier de son père ? dit-il à la fin.

« — Très-positivement.

« — Et après cette entrevue, la jeune femme a changé subitement d’opinion, et voulait, au contraire, que le banquier fût innocent ? demanda M. Carter.

« — Oui ; quand Margaret revint de Maudesley Abbey, elle me fit part de sa conviction de l’innocence de Dunbar.

« — Et elle refusa de remplir ses engagements avec vous ?

« — Oui, monsieur.

« L’agent cessa de tambouriner des fugues sur ses genoux et commença à se gratter la tête, passant doucement sa main de côté et d’autre dans ses cheveux gris de fer, et me regardant toujours. Je vis alors que ce regard inexorable n’était que l’expression fixe de la figure de M. Carter quand il réfléchissait profondément, et que la dureté de son regard avait très-peu de rapports avec l’objet qu’il fixait.

« J’examinais son visage pendant qu’il réfléchissait, espérant voir quelque éclair subit et intellectuel illuminer sa physionomie ; mais je l’examinais vainement. Je vis qu’il se trouvait en défaut ; je vis que la conduite de Margaret était tout aussi inexplicable pour lui qu’elle l’avait été pour moi.

« — M. Dunbar est un homme très-riche, dit-il à la fin ; et l’argent fait, généralement, beaucoup dans des cas pareils. Il y a eu une célébrité politique, sir Robert quelqu’un… mais pas sir Robert Peel… qui disait : « Tout homme a son prix. » Maintenant, pensez-vous qu’il soit possible que Mlle Wilmot se soit laissée corrompre pour garder le silence ?

« Puis-je penser qu’elle aurait accepté de l’argent de l’homme qu’elle soupçonnait être l’assassin de