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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

n’est-ce pas, monsieur Austin ? dit l’agent au moment où le garçon rentrait portant une carafe sur Un plateau d’argent.

« Je compris l’allusion, et mis mon buvard de voyage sur une petite table à côté de la cheminée. M. Carter me présenta un des flambeaux, et je m’assis devant la petite table, j’ouvris mon buvard, et je commençai à écrire quelques lignes à ma mère, pendant que l’agent faisait claquer ses lèvres et délibérait sur son premier verre de porto.

« — Qualité de vin très-convenable, dit-il, très-convenable. Savez-vous où votre maître le prend ? Non, n’est-ce pas ? ah ! il le met en bouteille lui-même, je présume. Je pensais qu’il l’avait eu l’autre jour à la vente de Warren Court, à l’autre bout du comté. Remplissez un verre pour vous, garçon, et posez la carafe près du garde-feu ; ce vin est un peu froid. À propos, j’ai entendu l’autre jour dire beaucoup de bien de vos vins par une personne de quelque importance, je puis le dire.

« — En vérité, monsieur, murmura le garçon, qui se tenait à une distance respectueuse de la table, buvant son vin avec une lenteur respectueuse.

« — Oui, j’ai entendu parler de votre maison par ni plus ni moins que M. Dunbar, le grand banquier.

« Le garçon dressa les oreilles. Je mis de côté la lettre commencée pour ma mère, et j’attendis avec une feuille de papier vierge devant moi.

« — Ce fut une histoire bien extraordinaire, par parenthèse, dit M. Carter. Versez-vous un autre verre de vin, garçon ; mon ami que vous voyez, ne boit pas de porto ; si vous ne m’aidez à finir cette bouteille, j’en boirai beaucoup trop. Avez-vous été interrogé dans l’enquête sur l’affaire de Joseph Wilmot ?