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HENRY DUNBAR

les manières et l’air de l’homme assassiné était on ne peut plus inutile.

« — Plus pâle et plus maigre que M. Dunbar, répéta l’agent ; plus pâle et plus maigre, n’est-ce pas ? C’est une chose que vous aviez remarquée ; mais dites-moi maintenant ce que vous auriez pu dire à l’enquête si vous aviez été appelé comme témoin ?

« — Eh bien ! monsieur, je vais vous le dire ; c’est bien peu de chose ; et j’ai raconté le fait bien des fois à Brigmawl et aux autres. Mais ils disent que je me suis trompé, ainsi qu’Éliza qui est une friponne rieuse et folle, qui ne peut jamais supporter ce que je dis. Mais je déclare très-solennellement que je dis la vérité et ne me suis point abusé. Quand les deux messieurs, car ils avaient tous deux l’air de messieurs, quand les deux messieurs entrèrent dans le vestibule, celui qui a été tué avait son habit boutonné et serré sur la poitrine, à l’exception d’un seul bouton, et par l’espace laissé ouvert par cet unique bouton j’aperçus une chaîne en or qui brillait.

« — Eh bien ! et ensuite ?

« — L’autre monsieur, M. Dunbar, avait sa redingote ouverte en descendant de voiture, et je vis, aussi bien que j’ai pu voir jamais quelque chose, qu’il n’avait point de chaîne en or. Mais deux minutes après qu’il fut entré dans le vestibule, pendant qu’il commandait son dîner, il prit son habit et le boutonna. Eh bien ! monsieur, quand il revint, après avoir été visiter la cathédrale, son habit était à moitié ouvert, et je vis qu’il portait une chaîne en or, et, à moins que je n’aie été absolument abusé, c’était la même chaîne que j’avais vue sur le gilet de l’homme assassiné. J’aurais presque juré que cette chaîne était la même à cause de la couleur de l’or qui était d’un jaune particulier et plus foncé. Ce ne fut que plus tard que ces choses se présentèrent à mon esprit,