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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

et je les trouvai véritablement très-extraordinaires.

« — Et se produisit-il encore autre chose ?

« — Rien du tout, si ce n’est qu’un soir à souper quelques semaines après l’enquête, Brigmawl laissa échapper la remarque qu’il avait faite, que M. Dunbar avait ouvert son nécessaire pendant qu’il attendait que Wilmot revînt pour dîner, et que pendant un temps infini il n’avait pu trouver la clef de ce nécessaire.

« — Il était troublé, sans doute, et sa main tremblait, n’est-ce pas ? demanda l’agent.

« — Non, monsieur ; d’après ce que dit Brigmawl, M. Dunbar avait l’air aussi froid et aussi calme que s’il eût été de fer. Mais il resta d’abord longtemps à essayer une clef, puis une autre, et bien longtemps encore avant d’avoir trouvé la bonne.

« — En vérité, c’était bien étrange !

« — Mais j’espère que vous ne penserez pas mal de ce que j’ai laissé échapper, monsieur, dit le garçon vivement. Pour sûr, je ne voudrais pas dire quelque chose d’irrévérencieux sur M. Dunbar ; mais vous m’avez demandé ce que j’avais vu, monsieur, et je vous ai dit naïvement, et…

« — Mon cher ami, vous êtes parfaitement en sûreté en me parlant, répondit l’agent avec cordialité. Mais apportez-moi un peu de thé très-fort et desservez ce dessert, et si vous avez quelque chose de plus à nous raconter, vous pourrez nous dire cela en versant le thé. Il y a tant de choses qui se rattachent à ce genre de faits et qui ne sont pas reproduites dans les journaux, qu’il est vraiment très-intéressant de les entendre de la bouche d’un témoin oculaire.

« Le garçon s’en alla satisfait et rassuré, après avoir débarrassé très-lentement la table. J’étais très-impatient d’entendre ce que M. Carter avait recueilli de la conversation de cet homme.