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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

amené ici, car j’ai besoin de ne rencontrer aucun obstacle dans ce que je vais faire. Si vous voulez voir fouiller l’eau, venez à midi dans le petit bois. Vous m’y trouverez dirigeant les travaux.

« Il était à peu près huit heures et demie quand M. Carter me quitta. Jusqu’à onze heures, le temps me pesa beaucoup. À onze heures, je pris mon chapeau et mon pardessus et je sortis par la pluie battante.

« Je trouvai mon ami l’agent de police debout sous l’une des portes de la cathédrale, en conversation très-animée avec un vieillard. Comme M. Carter ne me fit aucun signe, je compris qu’il ne désirait pas que j’interrompisse le discours de son interlocuteur. Aussi continuai-je à suivre lentement le même sentier que nous avions parcouru la veille au soir : le sentier par lequel la victime était allée à la mort.

« Je n’avais pas parcouru l’espace d’un demi-mille que l’agent de police me rejoignait.

« — Je vous ai écarté il n’y a qu’un instant, me dit-il, parce que je pensais que si vous me parliez, le vieux cesserait de causer et que je perdrais ainsi quelque chose qu’il avait sur le bout de la langue.

« — Vous a-t-il dit beaucoup de choses ?

« — Non ; c’est l’homme qui a apporté son témoignage dans l’instruction. Il m’a donné une description détaillée de la chaîne et de la montre que portait Dunbar. La montre ne s’ouvrait pas comme toutes les montres, et le gentleman ne savait pas s’y prendre très-bien pour l’ouvrir, m’a dit mon ami le bedeau. Il paraissait ne pas savoir se servir de la clef de son pupitre. En un mot, ce jour-là, il était atteint d’un accès de gaucherie.

« — Vous pensez qu’il était coupable, et que l’idée de l’horrible affaire à laquelle il se trouvait mêlé le troublait et l’agitait ?