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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

c’est à peine s’ils auraient osé lui faire des objections. Un des constables se promenait sur le bord de la rivière, suivant les préparatifs du regard.

« Il est inutile de raconter en détail cette triste journée. Je dirai seulement que je me promenai de long en large sur l’herbe humide depuis midi jusqu’au coucher du soleil, pensant toujours à m’en aller, attendant toujours, retenu par l’idée que les recherches de M. Carter allaient aboutir. Je dirai que les heures s’écoulèrent à entendre le grincement des dragues de fer sur les cailloux de la rivière, et cela sans résultats. On retira de l’eau des fragments rouillés de vieux objets de fer hors de service, des cadavres de chiens et de chats, de vieux souliers pleins de cailloux, des enchevêtrements de végétation pourrie, et toutes sortes de détritus descriptibles et indescriptibles qui furent jetés sur les bords.

« À mesure que le jour s’avançait, l’agent de police devenait de plus en plus sale, crotté et mouillé, mais cependant il ne perdait pas courage.

« — Je veux sonder jusqu’au dernier recoin du ruisseau, et je veux que chaque trou qu’il contient soit fouillé dix fois avant que j’abandonne la partie, me dit-il en venant me trouver, comme le jour tombait, pour m’apporter un peu d’eau-de-vie qu’avait été chercher un petit garçon qui, pendant toute l’après-midi, avait été employé à apporter de la bière.

« Quand la nuit fut venue, on alluma une ou deux torches résineuses que M. Carter avait envoyé chercher à la tombée du jour, et le travail continua à la lueur vacillante que ces torches jetaient sur l’eau. Je continuai à me promener de long en large sous les arbres, dans l’obscurité, comme j’avais fait pendant le jour, et à un certain moment où j’étais très-éloigné de la lueur rouge des torches, une singulière hallucination s’empara de moi. Au milieu des arbres noirs, je