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HENRY DUNBAR

stable de Winchester, le triomphe d’un officier provincial heureux de prendre un Londonien en défaut.

« J’avoue que je laissai échapper un gémissement quand la porte se referma sur cet homme, et que je me trouvai seul avec l’agent qui s’était assis devant la petite table et examinait une des chemises étendues devant lui.

« — Tout le travail d’aujourd’hui est autant de peine perdue, dis-je ; car il ne semble pas nous avoir fait faire un seul pas vers le but que nous cherchons à atteindre.

« — Vraiment ! monsieur Austin ? répondit l’agent avec animation. Me croyez-vous assez fou pour parler devant l’homme qui vient de quitter cette chambre ? Croyez-vous que je vais lui dire mon secret et lui faire partager mes bénéfices ? La peine prise aujourd’hui nous a amenée au but que nous voulions atteindre. Elle nous a amenés à faire la découverte sur la trace de laquelle la lettre de Mlle Wilmot nous avait mis, découverte que nous faisait pressentir chaque parole de l’homme d’hier soir. Pourquoi ai-je tenu à avoir les vêtements portés par la victime ? Parce que je savais que ces vêtements devaient contenir un secret, sans quoi l’assassin inquiet n’en eût pas dépouillé le cadavre. Il est rare qu’un assassin s’arrête plus longtemps qu’il n’est nécessaire à côté de sa victime et je savais depuis longtemps que celui qui avait fait disparaître ces vêtements devait avoir d’excellentes raisons pour agir ainsi. Voilà ce que j’ai découvert sans secours étranger, et l’événement me donne raison. Voyez monsieur Austin.

« Il me tendit la chemise humide et décolorée, et m’y montra du doigt un endroit particulier.

« Là, au milieu des souillures de la vase et des herbes, je vis quelque chose qui s’en détachait