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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

clairement. Je vis un nom brodé distinctement en fil rouge ; un nom et un prénom.

« — Que dites-vous de cela ? me demanda M. Carter en me regardant en face.

« Nulle créature au monde jouissant de ses facultés et capable de lire les caractères anglais, n’aurait lu autre chose que ce que je lus moi-même.

« C’était le nom de Henry Dunbar !

« — Vous y voyez clair, maintenant, n’est-ce pas ? dit M. Carter. Voilà pourquoi le cadavre a été dépouillé de ses vêtements, et pourquoi ceux-ci ont été jetés à l’endroit le plus profond de la rivière ; pourquoi la chaîne et la montre ont changé de propriétaire ; pourquoi l’homme qui est revenu ici après le meurtre a été lent à trouver la clef du pupitre. Vous comprenez pourquoi Mlle Wilmot a rencontré tant de difficultés pour pénétrer jusqu’à l’homme de Maudesley Abbey, et pourquoi, lorsqu’elle a eu vu cet homme, elle s’est efforcée de le dérober aux recherches et aux poursuites. Quand elle vous dit que Dunbar était innocent du meurtre de son père, elle ne vous dit que la vérité. L’homme assassin, c’est Dunbar ; son meurtrier, c’est…

« Je n’en entendis pas davantage. Le sang me monta au cerveau. Je chancelai et tombai sur une chaise.

« Quand je revins à moi, l’agent de police me jetait de l’eau froide au visage. Quand je revins à moi et que je pus penser de sang-froid à ce qui était arrivé, je n’eus plus qu’un seul sentiment dans l’esprit, un sentiment de pitié, de pitié profonde pour la femme que j’aimais.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« M. Carter emporta le paquet dans sa chambre et ne tarda pas à revenir, son portemanteau à la main. Il le mit dans un angle près de la cheminée.

« — J’ai enfermé sous clef les vêtements là dedans,