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HENRY DUNBAR

dit-il, et mon intention est de ne pas les quitter de l’œil tant qu’ils ne seront pas remis en mains très-sûres. Cette marque qui est sur la chemise de Dunbar servira à faire prendre son meurtrier.

« — Peut-être y a-t-il quelque erreur, dis-je ; les vêtements marqués du nom de Henry Dunbar peuvent ne lui avoir pas réellement appartenu. Il se peut qu’il ait donné ses vêtements à son ancien domestique.

« — Ceci n’est pas vraisemblable, monsieur, car il a rencontré le domestique à Southampton deux ou trois heures avant le meurtre. Non, je vois très-bien maintenant ce qu’il en est. C’est le cas le plus étrange que j’aie jamais vu, mais il devient d’une grande simplicité dès qu’on en a la clef. Il n’était pas probable que Dunbar, l’homme dont la réputation était la plus intacte, qui en outre était le seul propriétaire d’une fortune d’un million sterling, courût la chance d’être pendu. Mais, au contraire, il y avait d’excellentes raisons de croire que Wilmot, vagabond, condamné libéré, assassinât son ancien maître et par ce moyen se mît en son lieu et place, passant ainsi de la position d’un réprouvé, n’ayant pas un sou vaillant, à celle de principal associé de la maison Dunbar et Compagnie. C’était un coup hardi et dont l’exécution a dû être des plus difficiles et des plus périlleuses, et cet homme l’a bien exécuté, puisqu’il a échappé si longtemps aux soupçons. Ce sont les scrupules de conscience de sa fille qui l’ont trahi.

« Oui, M. Carter disait vrai. C’était le refus fait par Margaret de remplir ses engagements qui avait occasionné les recherches dont le résultat avait été la découverte du secret de ce crime affreux.

« Je songeai avec stupéfaction à cette étrange révélation encore toute nouvelle pour moi. Comment cela avait-il eu lieu ? Comment l’avait-on préparé ?