Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome II.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
HENRY DUNBAR

« — Parce que je quitterai Winchester par le train express ce soir.

« — Pourquoi faire ?

« — Pour me rendre aussi vite que possible à Maudesley Abbey, où j’aurai l’honneur d’arrêter M. Joseph Wilmot.

« — Si vite ?

« Je frémis en songeant à l’action rapide de la justice, dès qu’un crime est révélé.

« — Mais qu’arrivera-t-il si vous vous êtes trompé ?… qu’arrivera-t-il si Wilmot est la victime et non le meurtrier ?

« — Dans ce cas, je ne tarderai pas à reconnaître mon erreur. Si l’homme de Maudesley Abbey est bien Dunbar, il ne manquera pas de personnes qui pourront justifier son identité.

« — Mais vous oubliez que Dunbar s’est absenté pendant trente-cinq ans.

« — C’est vrai, mais de nos jours on ne songe guère à la distance qui sépare l’Angleterre de Calcutta. Il doit y avoir en Angleterre des gens qui ont connu le banquier dans l’Inde. Monsieur Austin, je vais me rendre chez le magistrat du pays, celui qui a arrêté Henry Dunbar ou le supposé Henry Dunbar en août dernier. Je confierai à sa garde les vêtements que voici, car c’est aux assises de Winchester que Joseph Wilmot sera jugé. Le train quitte Winchester à onze heures un quart, ajouta M. Carter en jetant un coup d’œil sur sa montre, — aussi n’ai-je pas de temps à perdre.

« Il tira le paquet du portemanteau, l’enveloppa dans une feuille de gros papier gris que le garçon lui avait apportée quelques minutes auparavant, puis il sortit. Je m’assis au coin du feu, réfléchissant et m’efforçant de me familiariser avec les événements de la journée.