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HENRY DUNBAR

vait, et il haletait, attendant la réponse à sa question.

Il n’y eut d’autre réponse que le bruit qui se renouvela plus fort et plus impatient.

Si une main frappant contre une vitre peut avoir une expression, celle-ci en avait une. C’était l’expression de la prière plutôt que celle de l’ordre impératif. L’homme qui écoutait, pâle et terrifié, le comprit.

Il laissa échapper un grand soupir de soulagement, comme un prisonnier qui sent tomber les fers qui le retenaient.

— Fou que je suis, — pensait-il. — Si c’était ce que je crains, on frapperait et on sonnerait à la porte d’entrée, au lieu de cogner doucement comme cela. C’est sans doute ce drôle de Vallance, qui s’est mis dans quelque mauvaise affaire et qui vient me relancer pour de l’argent au milieu de la nuit. Il n’y a que lui capable de ces coups-là. Il sait bien qu’on ne refusera pas de le recevoir. Voyons, faisons-le entrer.

L’invalide poussa un soupir à cette idée. Il se leva, et se dirigea vers la fenêtre, s’appuyant sur une canne pour marcher.

On frappait toujours. Lorsqu’il fut près de la fenêtre, il entendit autre chose que le bruit du doigt sur la vitre, il entendit une voix de femme, parlant doucement, mais d’une façon très-distincte.

— Ouvrez, pour l’amour de Dieu, ouvrez ! — disait la voix.

L’homme debout près de la fenêtre connaissait cette voix ; il ne la connaissait que trop bien, hélas ! C’était la voix de la jeune fille qui l’avait suivi avec tant de persistance, et qui n’avait pu que récemment parvenir jusqu’à lui. Il ôta les barres qui consolidaient la porte-fenêtre, l’ouvrit et fit entrer Margaret.

— Margaret ! — s’écria-t-il. — Au nom du ciel, qu’est-ce qui t’amène ici à une heure pareille ?

— Le danger ! — répondit la jeune fille haletante. —