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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Vous êtes en danger. J’ai couru et les paroles m’étouffent. Il n’y a pas un moment à perdre… pas un moment, entendez-vous ! Ils ne vont pas tarder à arriver… ils ne peuvent tarder. Il m’a semblé tout le long de la route qu’ils étaient derrière moi… peut-être n’est-ce pas une illusion. Il n’y a pas un moment à perdre… pas un moment !

Elle s’arrêta, pressant sa poitrine de ses deux mains. Ses paroles étaient incohérentes, elle le savait, et faisait des efforts inouïs pour s’exprimer clairement.

— Oh ! père ! — s’écria-t-elle en repoussant de son front sa chevelure en désordre ; — père, j’ai fait ce que j’ai pu… ce que j’ai pu pour vous sauver. Mais parfois je désire n’y pas réussir, et qu’il plaise à Dieu que vous soyez pris, et que votre malheureuse fille meure avec vous !

Soudain elle se laissa tomber à genoux, comme prise de délire, et éleva ses mains jointes.

— Seigneur, ayez pitié de lui ! — s’écria-t-elle. — J’ai déjà prié ici… depuis cette horrible époque, j’ai prié à chaque instant… je vous implore encore cette nuit, Seigneur, ayez pitié de lui, donnez-lui un cœur repentant et faites que son péché soit effacé. Qu’est-ce que le châtiment qu’il souffrira ici-bas, en comparaison de celui que vous lui infligeriez à tout jamais ? Que la justice des hommes l’atteigne, mais vous, Seigneur, acceptez son repentir !

— Margaret, — s’écria Wilmot en saisissant le bras de sa fille, — oses-tu prier que ton père soit pendu ? Es-tu venu ici dans ce but ? Debout, et dis-moi de quoi il s’agit.

Margaret se releva frissonnante. Son regard devint fixe ; elle essaya de se calmer et de rassembler ses idées.

— Père ! — dit-elle, — depuis mon départ d’ici je