Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome II.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
HENRY DUNBAR

le faire. C’est un vêtement bordé de fourrure. Tu le trouveras sur une chaise dans la chambre à coucher.

Sa fille obéit, silencieusement et tranquillement comme elle avait déjà fait. Les pièces ouvraient toutes l’une dans l’autre. Elle vit la chambre à coucher avec son lit élevé et sombre éclairée par la lueur vacillante du foyer. Elle posa la lampe sur une table de cette chambre et trouva le vêtement bordé de fourrure que son père lui avait demandé. Il y avait sur une toilette une bourse à travers les mailles de soie de laquelle brillaient quelques souverains. La jeune fille prit cette bourse en s’en allant, s’imaginant, dans la simplicité de son cœur, que son père pourrait bien n’avoir que ces quelques souverains pour accomplir sa fuite. Elle le rejoignit portant le lourd pardessus et l’aida à le revêtir en échange de la robe de chambre qui l’enveloppait. Il avait pris son chapeau avant de se rendre à l’écurie.

— Voici votre bourse, père, dit-elle en la lui mettant dans la main. — Elle contient quelque chose, mais pas beaucoup, je le crains. Comment vous procurerez-vous de l’argent là où vous allez ?

— Sois tranquille, je ne serai pas embarrassé.

En disant ces mots, il s’était mis en selle non sans grandes difficultés. Mais, quoique le grand air l’eût étourdi et rendu faible, il se sentait renaître maintenant qu’il était à cheval, qu’il avait sous lui ce robuste animal qui l’aimait et dont le galop puissant pouvait l’emporter pour ainsi dire au bout du monde. C’est l’impression que fit à Wilmot le bonheur de se sentir à cheval une fois encore. Involontairement, il posa la main sur la ceinture qu’il portait sans cesse autour de lui, quand sa fille lui fit la question relative à l’argent.

— Oui… oui… j’ai assez d’argent… tout va bien.

— Mais où allez-vous ? — demanda-t-elle avec anxiété.