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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Carter rouvrit son portefeuille pour ajouter une note nouvelle.

— Pantalon et gilet gris, pardessus bleu foncé garni de fourrure. Décrivez-moi donc un peu l’apparence extérieure de M. Dunbar.

Le valet répondit longuement à cette question.

— Ah ! hum !… — marmottait Carter, — grand, large d’épaules, nez aquilin, yeux noirs, cheveux noirs grisonnants.

Après avoir pris cette note, l’agent mit son chapeau, mais il s’arrêta devant la table où se trouvait encore la lampe.

— Cette lampe a-t-elle été remplie hier soir ? — demanda-t-il.

— Oui, monsieur, comme tous les soirs.

— Combien de temps dure-t-elle ?

— Dix heures.

— À quelle heure a-t-elle été allumée ?

— Un peu avant sept heures.

Carter enleva le verre et porta la lampe près de la cheminée. Il la mit ensuite au-dessus de la grille, et en versa le contenu dans les cendres.

— Cette lampe a dû brûler jusqu’à quatre heures du matin, — dit-il.

Le domestique regarda Carter avec toute la respectueuse horreur qu’eût pu lui inspirer un sorcier du moyen âge. Mais Carter était beaucoup trop pressé pour faire attention à l’admiration qu’il éveillait dans cet homme. Il savait tout ce qu’il avait désiré savoir, et il n’avait pas de temps à perdre.

Il quitta le château, courut à la loge où il trouva Tibbles, son compagnon. Il envoya en toute hâte ce gentleman à la station de Shorncliffe, avec mission de guetter un voyageur vêtu d’un pardessus bleu foncé bordé de fourrure. Si ce voyageur paraissait, Sawney devait s’attacher à ses pas partout où il irait, mais en