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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

soixante ans, avec une grande bouche ombragée par une moustache grise.

— Je suis à la recherche de renseignements sur un de vos amis, Major Vernon, — dit l’agent, — M. Dunbar, de Maudesley Abbey, qui a disparu depuis ce matin quatre heures.

Le gentleman assis dans le fauteuil fumait une pipe d’écume. Au moment où Carter prononça ces deux mots : « Quatre heures, » ses dents se choquèrent légèrement en rencontrant le bout d’ambre de sa pipe.

L’agent entendit ce bruit, si léger qu’il fût, et en tira ses conclusions. Vernon avait vu Wilmot, il savait que celui-ci avait quitté le château à quatre heures du matin et s’étonnait que l’heure exacte de son départ fût déjà connue par d’autres personnes.

— Vous savez où est allé M. Dunbar ? — dit Carter, regardant avec plus de fixité le gentleman assis dans son fauteuil.

— Pas du tout, et je songeais lui rendre visite ce soir au château.

— Hum ! — murmura l’agent. — Alors il est inutile de vous faire aucune question à ce sujet.

— Parfaitement. Ainsi vous dites que Dunbar est parti du château ? Mais je croyais qu’il était entré en traitement… c’est à peine s’il pouvait quitter son canapé et se mouvoir à l’aide de béquilles.

— C’est possible ; mais, quoi qu’il en soit, il a disparu.

— Que voulez-vous dire par ce mot disparu ? Il a quitté sa résidence, à ce que je vois… n’était-il donc pas libre de le faire ?

— Certainement, il était très-libre sous ce rapport.

— Alors je ne m’étonne plus autant qu’il soit parti, — s’écria le maître du cottage en s’inclinant vers le feu pour secouer les cendres de sa pipe. — Il y avait assez longtemps qu’il était attaché par la jambe, le