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HENRY DUNBAR

pauvre diable ! Mais comment se fait-il que vous couriez après lui comme après un petit enfant qui s’est enfui de chez sa mère ? Est-ce que vous êtes son chirurgien ?

— Non, je suis envoyé par lady Jocelyn, et pour vous dire toute la vérité, — ajouta Carter avec une simplicité vraiment charmante, — pour vous dire toute la vérité, je ne suis rien moins qu’un agent du service de sûreté envoyé directement à la recherche du gentleman disparu. Lady Jocelyn, voyez-vous, craint que l’accident du chemin de fer, cette longue maladie, la fièvre qui l’a accompagnée, toutes ces choses-là réunies n’aient eu une très-mauvaise influence sur son pauvre père et que son cerveau soit légèrement endommagé… et sur ma parole, — continua avec rondeur l’agent de police, — cette fantaisie inexplicable peut très-bien confirmer les gens dans cette idée. Et dans ce cas il se pourrait qu’il eût attenté à ses jours. Maintenant, Major Vernon, en votre qualité d’ami de M. Dunbar, qu’est-ce que vous pensez de cela ?

Le Major sourit.

— Franchement, — répondit l’autre, — je ne crois pas que vous soyez si loin de la vérité. Dunbar a eu en effet des allures singulières depuis l’accident de chemin de fer.

— C’est très-vrai. Eh bien ! j’espère que vous ne trouverez pas mauvais que je visite votre maison et ses dépendances ? Il se pourrait que votre ami se fût caché quelque part chez vous. Une fois qu’ils ont la tête dérangée, on ne sait vraiment pas où s’adresser pour les retrouver, ces gens-là, vous savez.

Le Major Vernon haussa les épaules.

— Je ne crois pas que Dunbar soit entré chez moi à mon insu, — dit-il. — Mais si cela pouvait vous être agréable, vous êtes libre de visiter la maison depuis la cave jusqu’au grenier.