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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Il sonna. La jeune fille au visage emmitouflé parut à cet appel.

— Ah ! Betty, encore une fluxion, ma fille… Voilà une excuse toute trouvée pour négliger votre travail. Je connais cela, ma belle. Écoutez un peu. Voici un gentleman à qui vous allez montrer la maison et le jardin aussi, s’il vous le demande, mais faites vite, car j’attends mon dîner.

La fille salua d’une façon gauche et campagnarde et passa dans l’antichambre avec Carter.

— Betty ! — s’écria le maître de la maison au moment où la servante arrivait avec l’agent au pied de l’escalier, — Betty ! écoutez un peu.

Elle courut vers son maître et Carter entendit une conversation à mi-voix, très-courte, mais dont il put saisir la dernière phrase.

Cette phrase était celle-ci :

— Et si vous ne vous taisez pas, c’est à moi que vous aurez affaire.

— Ho ! ho ! — pensa l’agent, — il faut que Betty se taise ! c’est ce que nous verrons.

La jeune fille revint dans l’antichambre et conduisit Carter dans les deux salons occupant le devant de la maison. C’étaient de petites pièces mesquinement meublées, à plafonds bas et toutes pleines de placards et d’armoires se dissimulant dans des angles. Carter n’eut pas petite besogne à visiter tous ces réduits qui tous avaient, plus ou moins, une odeur de suif et de rhum, dénotant les habitudes toutes maritimes du dernier habitant du cottage.

Après avoir visité une demi-douzaine de ces cachettes au rez-de-chaussée, Carter et son guide montèrent à l’étage supérieur.

La servante nommée Betty fit entrer l’agent dans une chambre à coucher qu’elle lui dit être celle de son maître, et où les occupations du Major se manifes-