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HENRY DUNBAR

tres crimes ont été commis, d’autres affaires leur sont survenues, et ils ont été obligés d’abandonner une investigation qui semblait désespérée. C’est ainsi qu’échappent les grands criminels… c’est ainsi que les assassins sont en liberté, non parce que la découverte est impossible, mais parce qu’elle ne peut être effectuée qu’avec cette lenteur et cette fatigue dans lesquelles si peu d’hommes ont le courage de persévérer. Tant que le pays retentit du bruit d’un grand crime… tant que le meurtrier est sur ses gardes nuit et jour, soit éveillé, soit endormi… la police veille et agit ; mais plus tard, quand le crime est à moitié oublié… quand la sécurité a rendu le criminel négligent… quand les chances de découverte sont décuplées… la police s’est lassée, et aucun œil n’épie les mouvements du coupable. Je ne connais rien à la science des agents de la police secrète, Margaret, mais je crois que M. Dunbar est le meurtrier de votre père, et je ferai tout ce qui est possible, avec l’aide de Dieu pour que le crime retombe sur celui qui l’a commis.

Les yeux de la jeune fille étincelèrent de fierté au moment où Clément cessa de parler.

— Vous ferez cela, — dit-elle, — vous éclaircirez le mystère de la mort de mon père, vous attirerez le châtiment sur le meurtrier ? Cela semble peut-être une chose horrible chez une femme de souhaiter qu’un homme soit découvert, quelque vil qu’il soit, mais assurément ce serait bien plus horrible encore si j’allais laisser sans vengeance le meurtre de mon père. Mon pauvre père, s’il eût été bon, je ne crois pas que je souffrirais autant en me souvenant de sa mort cruelle, mais il n’était pas un bon père… hélas ! il s’en faut.

— Quels qu’aient été ses défauts, Margaret, son meurtre ne demeurera pas impuni si je puis venir en aide à la justice, — dit Clément. — Mais ce n’est pas pour cela