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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

mais en arrivant sur le quai, pas plus de traces de lui que sur la main. Je cours pendant une demi-heure dans toutes les directions sans plus de résultat ; et, enfin, je me décide à retourner à l’hôtel pour voir s’il n’y est pas rentré avant moi. Son sac de voyage et sa couverture de nuit étaient là tels que je les avais laissés ; et près du feu, à son intention, on avait dressé une petite table. Là, pas plus de trace de lui que dans la rue. Je ressors, le front couvert d’une sueur froide, et je cours à travers cette bien-aimée ville jusqu’à une heure du matin, cherchant dans tous les endroits possibles qui pouvaient raisonnablement servir de refuge à un homme de cette espèce. Épuisé, je retourne à l’hôtel où je prends une chambre pour la nuit ; et aussitôt debout, ce matin, je descends sur le quai et je m’enquiers des vaisseaux qui mettront à la voile aujourd’hui. On me dit qu’il n’en partira pas avant ce soir, qu’il n’y en a qu’un en charge pour Copenhague et qu’il ne prend pas de passagers. Mais à la mine de son capitaine, je parierais qu’il prendrait jusqu’à un cimetière à son bord si on le payait pour cela.

— Hum ! un vaisseau en partance pour Copenhague, dites-vous, et dont le Capitaine a une mauvaise figure, — fit l’agent d’un ton pensif.

— La plus mauvaise figure que j’aie jamais vue, — répondit Tibbles.

— C’est une mauvaise affaire, Sawney, mais je ne doute pas que vous n’ayez fait pour le mieux.

— Oui, j’ai fait pour le mieux, — répondit Sawney avec quelque indignation, — et considérant la confiance que vous avez eue en moi relativement à cet oiseau-là, je ne vois pas ce que j’aurais pu faire de mieux.

— Eh bien ! ce qu’il y a de mieux à faire est de guetter ici le départ des trains pour le Nord, pendant que moi-même j’irai rendre visite à la gare située de l’autre