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HENRY DUNBAR

lui dit que le Corbeau avait levé l’ancre il y avait une demi-heure et qu’il était encore visible à l’horizon.

Et on lui montrait un point sombre en mer, qu’on lui affirma n’être ni plus ni moins que le Corbeau, à destination de Copenhague.

Carter demanda si on s’attendait à ce prompt départ.

— Non, — lui dit-on, — on ne s’attendait pas à le voir partir avant le point du jour, et il n’a pas encore à son bord les deux tiers de sa cargaison.

L’agent demanda si ce n’était pas là un procédé étrange.

— Oui, — lui dit-on, — cette façon d’agir est étrange, mais le patron du Corbeau est de tous points un étrange individu, et c’est à bord de son vaisseau que plus d’un banqueroutier frauduleux a trouvé refuge pour fuir à l’étranger.

Un des badauds prétendit que le patron devait avoir à son bord un passager de cette espèce qu’on avait vu passer sur le quai dix minutes avant que le Corbeau mît à la voile.

— Qui est-ce qui veut essayer de le rattraper ? — dit Carter. — Qui est-ce qui veut essayer cela pour deux souverains ?

Les hommes hochèrent la tête. — Le Corbeau a trop d’avance, — disaient-ils, — et de plus il a le vent pour lui.

— Mais il se peut que le vent change au coucher du soleil, — répondit l’agent. — Allons, mes amis, un peu de courage ! Il y a cinq livres à gagner ! Qui veut essayer de le rattraper pour un billet de cinq livres ?

— Moi ! — s’écria un gros gaillard vêtu d’une vareuse rouge et de grandes bottes qui lui montaient jusqu’au ventre ; — je m’en charge avec l’aide de mon camarade. N’est-ce pas, Jim ?

Jim était un autre gros gaillard, vêtu d’une vareuse bleue et propriétaire, en sa qualité de pêcheur, d’un