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HENRY DUNBAR

n’était pas probable qu’il eût attendu ici qu’on vînt le prendre.

L’agent sonna une fois, deux fois, trois fois ; mais on ne répondit pas à son appel. Il longea la haie qui bordait le jardin du côté des communs, où il y avait une petite porte de bois fermée au cadenas, mais si basse qu’il l’escalada facilement et pénétra au milieu des haies d’aubépines, des petites allées sablées, et des plates-bandes de fraisiers odorants qui avaient fait longtemps les délices de l’officier de marine. Carter regarda par les fenêtres qui ouvraient sur le derrière de la maison, et il n’aperçut que des chambres vides. Il écouta, et il n’entendit aucun bruit de pas ou de voix. Les volets étaient ouverts, et il pouvait apercevoir les murailles dégarnies des chambres, les foyers sans feu, et cet aspect particulièrement froid qui est le propre des habitations inoccupées.

Il poussa un gémissement.

— Parti ! — murmura-t-il, — parti ! Tout ce qu’il y a de plus parti !

Il rejoignit sa voiture et se fit conduire à l’établissement de l’épicier en gros, propriétaire de la seule boutique du village de Lisford.

Là, Carter apprit qu’on lui avait remis la clef de Woodbine Cottage le soir de ce même jour où il avait vu Wilmot assis dans le petit salon.

— Oui, monsieur, — dit Hogson, — c’est le soir d’avant-hier qu’une jeune fille, le visage enveloppé d’un mouchoir et vêtue très-simplement, descendit d’une voiture à ma porte et me dit : « Voudriez-vous être assez aimable pour vous charger de la clef que voici, et pour montrer le cottage à toute personne qui voudrait le visiter, bien entendu on vous dédommagera de la peine que vous prendrez ? Parce que, voyez-vous, mon maître va quitter le pays pour quelque temps, parce qu’il a son fils qui est revenu de l’Inde et s’est marié