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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

et établi dans le Devon ; il va aller passer quelque temps chez lui, parce que, voyez-vous, il y a longtemps qu’il ne l’a vu. » Cette jeune fille était très-polie, et il faut vous dire que les gens de Woodbine Cottage, les anciens comme les nouveaux, étaient d’excellentes pratiques pour nous, et, comme vous pensez, j’ai pris la clef pour leur rendre service autant que possible. Si monsieur veut visiter le cottage !…

— Vous êtes bien bon, — dit Carter d’un ton quasi dolent, — je vous remercie, mais pas ce soir. À quelle heure, s’il vous paît, la voiture s’est-elle arrêtée devant votre porte ?

— Entre sept et huit.

— Entre sept et huit heures. Juste à temps pour prendre le train-poste venant de Rugby. Dites-moi, était-ce une voiture de la Rose et la Couronne ?

— Oui, monsieur, c’était une voiture de Lisford, ça, j’en suis sûr, parce que c’était Tim Baling qui conduisait et qu’il m’a souhaité le bonsoir.

Carter quitta l’épicier de Lisford et courut à la Rose et la Couronne où il trouva l’homme qui l’avait conduit à la station de Shorncliffe. L’homme lui apprit que la même jeune fille était venue le chercher le soir comme elle avait déjà fait le matin, et qu’il avait conduit un gentleman qui boitait comme le premier et dont le visage était également enveloppé. Il l’avait conduit non pas à la station de Shorncliffe, mais bien à la station du Petit Petherington, située à six milles de Shorncliffe. Là, le gentleman et la jeune femme qui l’accompagnait étaient montés dans une voiture de deuxième classe du train omnibus pour Rugby. Le gentleman avait dit en riant que la jeune fille était sa servante et qu’il allait à la ville avec elle pour l’épouser.

— C’était un gentleman très-bien élevé, — ajouta le cocher, — et généreux comme on en rencontre peu.

— Cela ne m’étonne pas, — murmura Carter.