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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

monsieur, — fit remarquer à Carter un des fonctionnaires de Scotland Yard. — Quel que soit celui à qui Wilmot a vendu ses diamants, il a dû faire un excellent marché, et il n’y renoncera pas volontiers. Les prêteurs sur gages et autres prennent notre avis pour un piège, soyez-en certain.


CHAPITRE XLV

Récit de Clément. — Avant l’aurore.

« Je revins chez ma mère abattu et découragé. J’avais éclairci le secret de la conduite de Margaret, et en même temps j’avais élevé une barrière entre moi et la femme que j’aimais.

« Y avait-il quelque espoir qu’elle devînt jamais ma femme ? La raison me disait qu’il n’y en avait pas. Dès ce jour, je devais être à ses yeux l’homme qui s’était gratuitement appliqué à découvrir le crime de son père et à le pousser à la potence.

« Était-il possible qu’elle pût encore m’aimer avec cette conviction dans l’esprit ? Pourrait-elle encore me regarder et me sourire en conservant ce sourire ? Mon nom même devait lui devenir exécrable.

« Je savais toute la force de l’amour que la noble fille portait à son père. Cet amour avait été attesté par tant de preuves ! J’avais vu là terrible affliction qu’elle avait ressentie en apprenant la mort supposée de Wilmot, et j’avais vu toute la profondeur de son angoisse quand le secret de son existence, qui était en même temps celui de son crime, lui fut connu.

« — Elle a renoncé à mon amour plutôt que d’aban-