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HENRY DUNBAR

beaucoup se font pendre, et Wilmot a trop d’expérience pour ne pas savoir cela. Je gagerais qu’il vit dans quelque coin, aussi tranquille et aussi respecté qu’homme au monde.

« Carter me raconta l’histoire entière de ses désappointements et de ses mortifications. Je voyais tout maintenant : l’apparition dans les rues de Winchester, l’ombre du petit bois. Pauvre Margaret ! Noble enfant !

« Quand je fus seul, j’adressai au ciel des actions de grâces pour le remercier de la disparition de Wilmot. Je n’avais rien fait pour arrêter le cours de la justice, quoique je susse que le châtiment du coupable broierait le cœur le plus dévoué et le plus pur qui battit jamais dans une poitrine de femme. Je n’avais pas osé me jeter entre Wilmot et la punition de ses crimes, mais je n’en étais pas moins reconnaissant à la Providence qui lui avait permis d’échapper au sort affreux qui l’attendait.

« Mais pour le misérable lui-même, de longues années de remords et de pénitence expieraient bien mieux son péché que ne l’aurait expié une courte agonie, — les quelques contorsions qui font d’une exécution à mort un spectacle si plaisant aux yeux de la populace.

« J’étais heureux pour le coupable lui-même que Wilmot eût échappé. J’étais encore plus heureux pour l’espérance que je caressais, et qui m’était plus chère que nul espoir au monde : je veux parler de celle de faire ma femme de Margaret.

« — Maintenant, pensai-je, il n’y aura plus d’affreux souvenir mêlé à mon image. Elle me pardonnera lorsque je lui aurai fait le récit de mon voyage à Winchester. Elle se laissera arracher à la compagnie d’un être qui doit lui être odieux, malgré le dévouement qu’elle a pour lui. Elle se lais-