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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

sera emmener et elle deviendra ma femme adorée.

« Voilà ce que je pensais ; mais l’instant d’après je tremblais que Margaret ne persistât à accomplir l’horrible devoir de son existence, le devoir de protéger et de cacher un criminel ; le devoir d’enseigner à un coupable à se repentir de ses péchés.

« Je fis insérer dans le Times un avis dans lequel j’assurais Margaret que mon amour et mon dévouement pour elle étaient toujours les mêmes, que rien ne pourrait les diminuer, et je la suppliais de m’écrire. Il va sans dire que l’avis était écrit de manière à ne pas faire supposer l’identité de la personne à laquelle il était adressé. L’agent le plus rusé de Scotland Yard n’eût rien pu découvrir dans les lignes précédées de ces mots : De C. à M., » tant elles étaient semblables à un nombre infini de celles qui ont recours à la même publicité.

« Mais mon avis demeura sans réponse, Margaret ne m’écrivit pas.

« Les semaines et les mois s’écoulèrent lentement. On publia le récit de la découverte faite à Winchester et celui de la fuite de Wilmot. Cette révolution causa une impression profonde et lord Herriston lui-même se rendit à Winchester pour assister à l’exhumation des restes de l’homme qu’on avait enterré sous le nom de Wilmot.

« Il était impossible de reconnaître le visage du défunt, mais on trouva au petit doigt de la main gauche une petite bague fine et ciselée, dont une partie était composée de cheveux, une petite bague insignifiante qui n’avait pas attiré l’attention pendant l’enquête. Mais lord Herriston déclara qu’elle était de manufacture indienne et affirma l’avoir vue fréquemment au doigt de Dunbar. Ce n’est pas tout ; à l’intérieur de la bague on trouva cette inscription, gravée en caractères microscopiques : « Souvenir de la