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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

cher et pour laquelle le souvenir de cet amour sera une éternelle consolation et un éternel bonheur. Si j’osais vous prier de prendre en pitié le malheureux homme dont vous connaissez le secret, je le ferais, mais je ne puis espérer tant de charité de la part des hommes, Dieu seul sait oublier, Dieu qui peut seul dans Sa suprême sagesse sonder les profondeurs d’un cœur repentant. Je vous prie de remettre à lady Jocelyn les diamants que je dépose entre vos mains ; ils lui reviennent de droit, et je regrette qu’ils ne représentent qu’une partie des sommes distraites au nom de Henry Dunbar, Adieu, cher et généreux ami, c’est la dernière fois que vous entendrez parler de celle qui porte un nom qui sera réputé infâme parmi les honnêtes gens. Plaignez-moi et oubliez-moi, et puisse une femme plus heureuse être pour vous ce que je ne pourrai jamais être.

« M. W. »

« C’était tout. Rien ne pouvait être plus ferme que le ton de cette lettre malgré sa douceur réfléchie. La pauvre enfant ne pouvait pas croire que je serais trop heureux de lui donner mon nom, malgré la terrible et hideuse histoire que le sien rappelait. Dans mon désespoir je m’adressai une fois encore à cet ami fidèle des amants persécutés ou séparés, le Jupiter de Printing House Square.

« Margaret, écrivis-je dans un avis qui figura pendant vingt jours dans la deuxième colonne du supplément du Times, Margaret, je vous rappelle toutes vos promesses et je ne considère en aucune façon les circonstances qui nous ont séparés comme suffisantes pour vous relever de votre premier engagement. Le plus grand chagrin que vous puissiez me causer est de m’abandonner.

« C. A. »

« Cet avis eut le sort du précédent. J’attendis en vain la réponse.