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HENRY DUNBAR

« Je ne tardai pas à exécuter la commission qu’on m’avait confiée. Je me rendis à Shorncliffe, et je remis la boîte de diamants entre les mains de Lovell, l’avoué, car lady Jocelyn était encore sur le Continent. Lovell enveloppa la boîte dans du papier et me la fit sceller avec le cachet de ma bague, en présence d’un de ses clercs, puis il la déposa dans un coffre-fort, près de son bureau.

« Quand ce fut fait, et que l’avis eut été inséré pour la vingtième fois dans le Times sans obtenir la moindre réponse, je m’abandonnai au désespoir au sujet de Margaret. Elle n’avait pas lu mon avis, pensais-je, car elle n’eût pas eu le cœur assez dur pour n’y pas répondre. Elle n’avait pas vu cet avis, non plus que le premier, et elle ne verrait sans doute pas les autres que je pourrais faire passer par la même voie. J’avais des raisons pour savoir qu’elle était ou qu’elle avait été en Angleterre, car elle n’eût pas confié les diamants à des mains étrangères ; mais il n’était que trop vraisemblable qu’elle eût choisi la veille de son départ et de celui de son père pour quelque pays lointain, comme le moment le plus favorable pour me confier le précieux paquet,

« — Il faut qu’elle domine complètement son père, pensais-je, ou il n’eût pas consenti à abandonner un trésor pareil. Il est probable qu’il a retenu de quoi payer son passage et celui de Margaret pour l’Amérique, et ma bien-aimée est condamnée à se cacher dans quelque ville obscure des États-Unis, en compagnie de son misérable père, et elle est à tout jamais perdue pour moi.

« Je songeai avec une douleur indicible combien le monde était grand et avec quelle facilité une femme pouvait s’y cacher à tous les yeux.

« Je m’abandonnai au désespoir ; je ne pus me résigner, car ma vie était vide et désolée sans Margaret.