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HENRY DUNBAR

l’atmosphère de Saint-Gundolph Lane, il valait mieux pour moi y rester, parce que c’était là qu’avec l’aide du travail, ce puissant allié de l’homme, je réussissais à vaincre mon chagrin. Lorsque, couché sur un canapé dans le joli petit salon de ma mère, j’écoutais le joyeux babil des aiguilles à tricoter, je souffrais, car je songeais à ma vie dévastée.

« Je me soumis cependant à l’ordonnance des trois jours de congé, et le second jour, après deux heures de pénitence sur le canapé, je me levai, encore fatigué, mais décidé à chercher quelque occupation qui pût me permettre d’échapper à la monotonie de mes propres pensées.

« — Mère, dis-je, je vais passer dans ma chambre et mettre un peu d’ordre dans mes papiers.

« Ma bonne et indulgente mère me fit des observations. Je devais me reposer, disait-elle, et non pas me fatiguer à ranger des papiers ou à quelque occupation de ce genre, auxquelles on ne devait songer qu’aux heures de bureau ; mais je ne l’écoutai pas et je passai dans la petite chambre où il y avait des fleurs écloses et des oiseaux dans l’embrasure de la fenêtre.

« Cette chambre était une petite bonbonnière, demi-bibliothèque et demi-salle à manger, et c’était là que nous nous trouvions, ma mère et moi, le soir où l’on m’avait apporté les diamants.

« À l’un des côtés de la cheminée se trouvait la table à ouvrage de ma mère et à l’autre le bureau sur lequel j’écrivais les quelques lettres que je ne faisais pas à la maison de banque, vieux meuble garni de tiroirs de chaque côté, avec un vaste enfoncement au centre, et dessous une grande corbeille pleine de vieilles enveloppes et de fragments de lettres déchirées.