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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

« Je roulai un fauteuil devant le bureau et je me mis à l’œuvre. C’était un long travail et qui impliquait force dépliage, classement et arrangement de paperasses qui ne valaient peut-être pas la peine que je prenais. Mais au moins mes mains étaient occupées, quoique mon esprit fût toujours absorbé dans sa vieille douleur.

« L’opération dura près de trois heures, car il y avait très-longtemps que je n’avais eu un jour de loisir, et l’accumulation de lettres, de billets et de reçus était vraiment formidable. Enfin, tout fut terminé, les lettres et les billets proprement attachés par petites liasses qui auraient fait honneur à une étude de notaire, et je me jetai dans mon fauteuil avec un soupir de soulagement.

« Mais tout n’était pas fini cependant, car je tirai la corbeille aux vieux papiers inutiles et j’en vidai le contenu sur le parquet afin de m’assurer qu’aucun papier de valeur ne s’y était glissé avant de les laisser balayer par la servante.

« J’entassai les fragments informes, les enveloppes souillées, les circulaires des commerçants de Clapham, et tous les débris accumulés depuis deux ans. Une poussière épaisse s’en échappa et m’aveugla presque.

« Oui, il y avait quelque chose d’important parmi ces papiers, il y avait au moins quelque chose que j’aurais considéré comme un sacrilège de laisser prendre par Molly, la servante, l’enveloppe de la boîte qui contenait les diamants ; l’enveloppe sur laquelle mon adresse avait été tracée par la main chérie de Margaret.

« Il est probable que j’avais laissé l’enveloppe sur la table lorsque j’avais reçu la boîte, et un des domestiques l’avait sans doute jetée dans la corbeille. Je ramassai la feuille de papier et la pliai propre-