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HENRY DUNBAR

ment. C’était peut-être une bien maigre relique pour un amant : mais il me restait si peu de choses de la femme qui aurait dû être mon épouse !

« Tout en pliant le papier, je regardai machinalement le timbre sec placé dans un angle. C’était une vieille feuille de papier à lettre de Bath, estampillée du nom du papetier qui l’avait vendue, Jakins, Kylmington, Kylmington ; oui, je me rappelais qu’il y avait dans le comté de Southampton une espèce de ville de bains, je crois, appelée Kylmington ! Et c’était là que le papier avait été acheté ! Alors Margaret avait habité cette petite ville.

« Cela était-il possible ? Était-il vraiment possible que dans cette feuille de papier j’eusse trouvé quelque chose qui m’aidât à découvrir la retraite de l’objet de mon amour ? Était-ce possible ? Cette nouvelle espérance me fit courir dans les veines un frisson d’énergie et de vitalité soudaine. Malade, épuisé, à bout de forces par un travail trop pénible ! Qui donc a osé dire cela ? J’étais plus robuste que ne le fut jamais Hercule.

« Je mis le papier plié dans la poche de côté de mon habit, et je pris le Bradshaw. Cher Bradshaw ! quel émouvant écrivain tu me parus ce jour-là ! Oui, Kylmington était bien dans le comté de Southampton, à trois heures et demie de Londres, y compris les délais de changement de voitures. Il y avait ce soir-là un train qui pouvait me conduire de Waterloo à Kylmington, un train qui partait de Londres à trois heures et demie.

« Je consultai ma montre. Il était deux heures et demie. Il ne me restait qu’une heure pour faire mes préparatifs et pour me faire conduire au chemin de fer. Je courus au salon où se trouvait encore ma mère, toujours assise et travaillant près de la fenêtre ouverte. Elle tressaillit en me regardant, car mon