Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome II.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
HENRY DUNBAR

de ma connaissance, de même que la ville de Kylmington était la ville la plus arriérée de toutes celles que j’avais parcourues, cette horloge, dis-je, sonnait huit heures comme j’ouvrais la petite porte de bois du cimetière qui entourait l’église, et que je pénétrais sous une avenue de sycomores rabougris qui passaient pour la principale beauté de Kylmington.

« Il était huit heures vingt minutes d’après l’heure de Londres, et le soleil s’était couché laissant l’horizon inondé d’une ardente teinte jaune qui, insensiblement, se transformait en vif écarlate.

« Il y avait plus d’une heure et de demie que j’étais à Kylmington. J’avais pris quelques rafraîchissements au principal hôtel, vieille maison bizarre, ayant un aspect de ruine et dont les meubles passés de mode et les volets antiques causaient une mélancolie profonde. J’avais pris quelques rafraichissements, et aujourd’hui encore j’ignore complétement ce que je pris par cette belle soirée d’été, tant mon esprit était absorbé par ce séduisant espoir dont le charme croissait d’instant en instant. Je m’étais rendu à la boutique du papetier, qui portait encore sur ses fenêtres le nom à demi effacé de Jakins, quoique le dernier des Jakins eût depuis longtemps quitté Kylmington. J’étais allé à cette boutique et j’avais appris, d’une femme d’un certain âge, très-affable quoique un peu sérieuse, des nouvelles qui avaient transformé mon espoir en certitude.

« J’entrai en matière en demandant s’il y avait à Kylmington une dame qui donnât des leçons de musique et de chant.

« — Oui, me répondit le successeur de Jakins, il y a deux maîtresses de musique dans la ville : une Mme Carinda, qui enseigne à Grove House, c’est l’école des dames riches ; l’autre est Mlle Wilson, dont les prix sont inférieurs à ceux de Mme Carinda.