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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Cette Mme Carinda, d’ailleurs, n’a d’étranger que le nom. Mlle Wilson jouit d’une grande considération, ainsi que son père, excellent gentleman, assistant régulièrement chaque dimanche aux offices, et parfait modèle de convenances avec sa tête vénérable couverte de cheveux gris.

« Je tressaillis légèrement en entendant ces mots.

« — Est-ce que Mlle Wilson demeure avec son père ? demandai-je.

« — Oui, me dit la femme. Mlle Wilson a demeuré avec son père jusqu’au moment de la mort de celui-ci.

« — Il est donc mort, alors ?

« — Oui, M. Wilson est mort au mois de décembre dernier d’une espèce de maladie de langueur ; il s’est éteint pour ainsi dire insensiblement ; il a été soigné tendrement, jusqu’au dernier instant, par sa charmante fille. On disait qu’il avait été très-riche et qu’il avait été ruiné par de mauvaises spéculations, et que cette perte, lui pesant sur l’esprit, il était tombé dans une mélancolie profonde, et que jamais on ne le voyait sourire.

« En disant ces mots, la femme ouvrit un tiroir, et après avoir dérangé quelques papiers, elle en tira une carte, une carte tout éraillée, salie par les mouches, poudreuse, à laquelle un petit ruban bleu fané était encore fixé, une carte sur laquelle était écrit, de la main que je connaissais si bien, un avis portant que Mlle Wilson, de l’Ermitage, donnerait des leçons de musique et de chant au prix d’une guinée par trimestre.

« Je voulais demander le portrait de la jeune maîtresse de piano, mais maintenant c’était inutile.

« Mlle Wilson est la jeune dame que je désire voir, dis-je. Voulez-vous m’indiquer le chemin de l’Ermitage ? J’y passerai demain matin.

« La propriétaire de la maison Jakins, qui, à l’exem-