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HENRY DUNBAR

ple de beaucoup d’excellentes femmes, se complaisait fort à faire des unions, sourit malicieusement.

« — Je sais un endroit où vous pouvez voir Mlle Wilsơn sans courir jusqu’à l’Ermitage, dit-elle, et cela plus tôt que demain matin. Elle travaille sans relâche tout le jour, la pauvre chère enfant, mais tous les soirs, quand le temps est assez beau, elle va au cimetière. C’est la seule promenade que je lui aie vu faire depuis la mort de son père. Elle passe régulièrement devant ma fenêtre, à peu près à l’heure où je ferme la boutique, et de chez moi je la vois ouvrir la porte et entrer au cimetière. C’est une triste promenade à cette heure-ci de la soirée, quoique bien des gens disent qué c’est la plus jolie promenade de Kylmington.

« C’était à la suite de cette conversation que je me trouvais dans cette fameuse avenue de sycomores au moment où l’horloge de l’église de Kylmington sonnait huit heures.

« Le cimetière était carré, entouré de tous côtés par un mur de pierre très-bas, et au-delà, les prairies descendaient jusqu’à l’embouchure de la rivière qui se jetait dans la mer, située à quelque distance de Kylmington, mais dont la plage, dans le voisinage de la ville, avait un aspect sombre et mélancolique.

« Il n’y avait personne autre que moi dans le cimetière lorsque je quittai l’ombre de l’avenue et pénétrai au milieu des modestes pierres tumulaires autour desquelles l’herbe croissait longue et épaisse.

« J’examinai les pierres les plus récentes et j’arrivai enfin à l’une d’elles qui se dissimulait dans un coin obscur, presque cachée par le mur d’enceinte.

« Sur cette modeste pierre il n’y avait qu’une inscription très-courte, mais elle suffisait pour me dire quelles étaient les cendres qui reposaient à l’endroit où je me trouvais.