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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

breloques du même métal, sans courir le danger de voir l’un de ces brimborions disparaître dans la manche de l’opérateur pendant la cérémonie du pesage. Le fameux Krusible, qui poussa du pied dans le creuset le dernier fragment du sceptre d’un potentat oriental au moment où la police pénétrait dans son établissement à la recherche du précieux hochet, et qui resta boiteux pendant six mois des suites de cet événement, le fameux Krusible demeurait quelque part dans les profondeurs de la Cité et bien loin de cette petite rue discrète ayant nom Holborn Street. Il eût certainement dédaigné l’allure modérée et lies gains très-ordinaires en usage dans cette localité.

Dunbar laissa son cab à l’extrémité de la rue, du côté d’Holborn, et suivit le trottoir jusqu’à ce qu’il se trouvât en face de la fenêtre enfumée d’un petit salon qui aurait pu passer pour une étude quelconque, sans une inscription en lettres dorées, sur un volet extérieur, qui apprenait au public que c’était là le domicile d’Isaac Hartgold, marchand de diamants. Une plaque de cuivre enchâssée dans la porte répétait le même renseignement, et ce fut devant cette porte que Dunbar s’arrêta.

Il sonna et fut immédiatement reçu par un jeune garçon à mine éveillée qui l’introduisit dans le salon, où il trouva un comptoir d’acajou, de fines balances de cuivre, un tabouret de bureau à coussin recouvert en crin, très-élimé par un long usage, et deux formidables coffres-forts solidement enchâssés dans la muraille derrière le comptoir. Près de la fenêtre, un pupitre devant lequel un gentleman, à cheveux et à favoris très-noirs, était assis, profondément absorbé dans un calcul abstrait, entre deux énormes registres ouverts.

Il quitta son siège élevé à l’entrée de Dunbar, et toisa le banquier d’un air soupçonneux. Peut-être l’habitude de vendre des diamants le rendait-elle soup-