Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome II.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
HENRY DUNBAR

çonneux à l’égard de tout le monde. Dunbar portait un pardessus à la mode à larges manches, et c’était sur ces manches que les yeux de Hartgold se dirigeaient fréquemment et avec inquiétude. Il regardait d’un mauvais œil les gens à manches trop larges et les dames dont les manchons étaient de fourrure trop soyeuse, ou dont les ombrelles étaient garnies d’effilés. Les diamants non montés sont faciles à déplacer, et on peut en loger une collection très-respectable dans les plis de l’ombrelle la plus mignonne.

— Je veux acheter une collection de diamants pour un collier, — dit Dunbar aussi tranquillement que s’il eût parlé de deux couverts d’argent. — Je désire que ce collier sorte de l’ordinaire. J’aurais pu le commander à Garrard ou à Emmanuel ; mais j’ai la fantaisie d’acheter les diamants sur papier et de les faire monter à ma guise. Pouvez-vous me fournir ce qu’il me faut ?

— Quel prix voulez-vous y mettre ? Vous pouvez avoir un collier ordinaire pour mille livres sterling, mais vous pouvez en trouver du prix de vingt mille livres. Jusqu’à quelle somme prétendez-vous aller ?

— J’y mettrai volontiers de cinquante à quatre-vingt mille livres sterling.

Le marchand se pinça les lèvres d’un air grave.

— Vous n’ignorez pas que ces sortes d’affaires se traitent au comptant, — dit-il.

— Oui, je le sais, — répondit tranquillement Dunbar.

Il prit son porte-cartes dans sa poche en disant ces mots, et tendit une des cartes qu’il contenait à Hartgold.

— Tout chèque signé de ce nom, — dit-il, — sera payé sans objections dans Saint-Gundolph Lane.

Hartgold s’inclina respectueusement devant le millionnaire. Il connaissait parfaitement la célèbre maison Dunbar, Dunbar et Balderby.