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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Il entra et choisit deux peaux de chamois très-épaisses et très-fortes. Dans une autre boutique, il acheta quelques grandes aiguilles, une demi-douzaine d’écheveaux de gros fil ciré, une paire de grands ciseaux, deux grosses boucles en acier, et un dé de tailleur. Quand il eut fini ces achats, il fit signe au premier cab vide qu’il rencontra, et retourna à son hôtel.

Il dîna, but les trois quarts d’une bouteille de bourgogne, puis demanda une tasse de thé très-fort, et donna ordre qu’on la lui apportât dans son cabinet de toilette. Il y avait toujours du feu dans sa chambre à coucher et dans son cabinet de toilette. Toutefois, ce soir-là il se retira de très-bonne heure, renvoya les domestiques qui le servaient, et ferma à double tour la porte de l’antichambre, la seule qui communiquât avec le corridor de l’hôtel.

Il prit sa tasse de thé, se baigna la tête dans de l’eau froide, et s’assit devant une table à écrire auprès du feu.

Mais son intention n’était pas d’écrire. Il se débarrassa du buvard, de l’encrier et des papiers qui encombraient sa table, et tira de sa poche les objets qu’il avait achetés dans l’après-midi. Il étala les peaux de chamois sur la table et les coupa en deux grandes bandes d’un pied de large.

Il prit avec ces bandes la mesure de sa taille, puis commença à les coudre lentement et laborieusement ensemble.

Cette besogne n’était pas facile et demanda un temps assez long au banquier pour arriver à un résultat satisfaisant. Il était minuit quand il eut fini de piquer les deux morceaux ensemble et l’un des bouts de la double ceinturé de chamois. Il laissa l’autre extrémité ouverte.

Quand il eut complété les deux côtés et le bout qu’il terminait, il tira quatre ou cinq petits sacs de toile de