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HENRY DUNBAR

de Woodbine Cottage, qui fut très-promptement en excellents termes avec sa femme de charge.

C’est d’elle qu’il apprit que le commis d’un joaillier était venu à Maudesley, et avait donné au millionnaire un portefeuille rempli de dessins.

— Et on ajoute, — continua Mme Manders, — que M. Dunbar a acheté pour près d’un demi-million de diamants, et qu’il est sur le point de donner à sa fille, lady Jocelyn, un écrin tel que la reine n’en a jamais vu. Mais M. Dunbar n’est pas un homme ordinaire et il est difficile de le contenter, à ce qu’il paraît, car le commis du joaillier a dit à Mme Grumbleton, au pavillon de l’ouest : « Votre maître est difficile à satisfaire, madame. » D’où Mme Grumbleton a compris qu’il n’avait pas reçu la commande de M. Dunbar.

Vernon sifflota tranquillement en réfléchissant, quand Mme Manders se retira après lui avoir donné ce renseignement.

— Vous êtes un homme très-habile, mon cher ami, — marmottait-il en allumant son cigare ; — vous êtes un homme prodigieux, mon cher garçon ; mais votre ami peut voir à travers des jalousies moins claires que l’affaire des diamants. C’est bien imaginé, bien net, pour dire le dernier mot, et je fais des vœux pour vous, mon cher ami ! Mais… vous me le payerez, Henry Dunbar.

Cette petite conversation, entre le nouveau propriétaire de Woodbine Cottage et sa femme de charge, avait lieu le soir même où Vernon prenait possession de sa nouvelle demeure. Le lendemain était un dimanche, un froid dimanche d’hiver. La neige tombait depuis trois jours et trois nuits ; elle était très-épaisse sur le sol ; les toits de chaume disparaissaient sous son épaisseur et elle formait de légers festons autour des branches dépourvues de feuillages, si bien que Lisford ressemblait à un de ces villages qui ornent les gâteaux des Rois en Angleterre. Pendant que les cloches des offices son-